Le Lundi des Créateurs : Jo Delannoy (Jodessineunpeu)
Jo Delannoy, plus connu sous le pseudonyme de "Jodessineunpeu" est illustrateur et sérigraphe. Son univers coloré est en train de conquérir la scène culturelle wallonne et il vous parle aujourd'hui de son parcours et de ses rêves un peu fous !
Bonjour Jo ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Jo Delannoy, j’ai 27 ans, je suis illustrateur et sérigraphe. J’ai été diplômé en 2019 de l’École Supérieure des Arts de la Ville de Liège, et j’habite à Liège, aussi. J’ai un chat que j’aime beaucoup, qui s’appelle Roméo, et voilà !
Tu as été diplômé en 2019, peux-tu me parler un peu plus de ton parcours ?
Alors, au départ, je voulais devenir comédien. C’est raté, de toute évidence, puisque je suis illustrateur. (Rires) J’étais en option théâtre en secondaire à l’Athénée Royal de Huy et en sortant de rhéto, j’ai un peu été voir les écoles de théâtre et ça m’a fait super peur.
Je me suis dit « Bon, je dessine un petit peu », et Saint-Luc ça avait l’air sympa alors j’ai été voir ce qui s’y passait. J’y suis allé, j’ai fait la fête à fond, j’ai raté, j’ai recommencé, j’ai arrêté… Je me suis perdu quelques mois et puis j’ai recommencé l’illustration, mais à l’Académie cette fois. Là, ça s’est super bien passé, j’ai trop kiffé. C’était hyper différent de Saint-Luc. Les deux écoles sont biens mais elles sont complètement différentes, et il faut trouver celle qui te convient.
En 3ème bachelier, j’ai fait un Erasmus à Southampton, dans le sud de l’Angleterre. J’y ai découvert la sérigraphie, qui ne m’a pas quitté depuis, et quand je suis revenu j’ai fait un master en illustration-gravure, où je me suis encore plus spécialisé dans la sérigraphie.
Pendant tout mon parcours, j’ai travaillé comme animateur artistique dans plein de centres culturels différents et en même temps, j’étais steward au Théâtre de Liège et à l’Opéra.
Je présentais toujours mes illustrations et mes créations dans ces endroits. Du coup, quand je suis sorti de l’école, mon réseau était déjà fait et c’est un gros avantage quand on est diplômé d’école d’art.
Après mon diplôme, j’ai été engagé aux Chiroux en tant qu’animateur sur l’expo Cuistax. Ensuite, j’ai été engagé au Comptoir des Ressources Créatives, où je suis chargé de projet. Je m’occupe notamment du pôle appelé Rhiz{h}ome, mais aussi de plein d’autres trucs !
Je suis illustrateur en grande partie mais aussi employé du domaine culturel, où je consacre mon énergie à l’accompagnement de créateurs.
Jo en pleine séance de sérigraphie. Crédit photo : Jo Delannoy
Tu m’as parlé de ton Erasmus en Angleterre qui t’a fait découvrir la sérigraphie. Est-ce que ça été le seul élément qui t’a poussé à essayer cette technique ?
C’était vraiment par curiosité. Je savais que ça existait, mais tant qu’on n’essaye pas, ça a l’air un peu flou, un peu mystique, parce qu’il y a plein d’étapes. Quand j’ai vu l’atelier de l’école à Southampton, je me suis dit que c’était l’occasion d’aller voir.
Il faut savoir que cette université-là avait beaucoup de moyens et un atelier super grand. C’était Hollywood et là-bas… Les élèves s’en foutent ! L’atelier était vide.
Ici, on galère tellement à avoir du matériel dans les écoles, quand il y a un truc, tout le monde se rue dessus. Là-bas, les profs étaient hyper contents d’avoir un élève aussi demandeur, alors j’ai appris plein de choses. Je faisais déjà du dépôt en magasin et j’ai réalisé que la sérigraphie c’était le technique idéale pour produire en quantité, parce qu’avant je dessinais à la main sur tout es carnets, ça me prenait un temps fou ! (Rires)
Artistiquement aussi, la sérigraphie amène quelque chose. Le côté hyper protocolaire, c’est très réfléchi, il faut être sûr de son coup. Il y a aussi la contrainte de s’imposer 2 ou 3 couleurs et de jouer avec les superpositions. C’est une démarche très différente du crayon et du pinceau.
En 2022, y-a-t-il des choses dont tu te réjouis par rapport à ton métier ?
J’ai une exposition pour l’instant au Centre Culturel de Wanze qui s’appelle « Entrer dehors, sortir dedans » et qui est là jusqu’au 8 avril. Je me réjouis de voir la fin de l’expo pour voir le succès qu’elle aura eu. Il y a pas mal d’écoles qui viennent la visiter et suivre les animations qui y sont organisées.
C’est ma première expo en tant qu’illustrateur invité et où on crée un travail de médiation culturelle autour de mes œuvres, je suis trop content !
C’est un peu l’envers du décor, toi qui a travaillé en tant qu’animateur culturel, tu te retrouves à la place de l’artiste mis à l’honneur !
Oui, c’est super gratifiant ! Sinon, j’ai une autre expo qui arrive à Bruxelles chez Image Fantôme, un magasin de sérigraphie et ça aura lieu du 7 au 28 avril.
J’ai déjà fait plein d’évènements à Bruxelles, mais c’était toujours collectif. J’ai hâte de faire ça pour la première fois en solo pour le public bruxellois. Je me réjouis aussi de refaire des commandes de grandes affiches qui seraient partout en ville, comme celles faites pour les Grignoux l’année passée.
Le mois passé, j’ai réalisé l’affiche du Festival International de Piano de Quaregnon, près de Mons, c’était un super projet. Je me réjouis aussi de prendre un peu de temps pour moi, pour créer en dehors des commandes, pour apprendre de nouvelles choses. Pourquoi pas la lithographie ? (Rires)
As-tu des rêves professionnels un peu fous que tu aimerais réaliser dans un futur plus lointain ?
En fait j’ai envie de tout faire ! J’aimerais bien m’exporter un peu. J’ai déjà vendu un peu à Bristol quand j’étais en Erasmus, et j’ai vendu à Marseille, à la Friche La Belle de Mai, mais j’aimerais aller encore plus loin : en Allemagne, aux Pays-Bas…
Mon but c’est d’aller à Montréal et d’avoir un point de vente là-bas. J’aimerais aussi élaborer des workshops qui pourraient s’exporter facilement à l’étranger. Je suis tellement content de créer et de toucher un public ici, mais j’adore aussi amener les gens à créer, à se poser des questions, à prendre la technique en main… J’adore le côté pédagogique de l’illustration et de la sérigraphie.
Si tu avais une chose à dire, un conseil à donner, aux gens qui vont te lire, ça serait quoi ?
J’aimerais leur dire merci, déjà ! Mais aussi, de ne pas avoir peur car on n’a rien à perdre. J’ai pas envie de dire un truc bateau ! (Rires) Je dirais aux gens de s’écouter, de ne pas écouter les gens qui disent que ça ne marchera pas. Souvent ces gens ont juste peur pour nous. Il faut s’écouter soi, foncer pour ses projets.
On ne vit qu’une fois et le Covid nous a prouvé que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Alors, autant se plonger dans tous les projets qui nous intéressent !
Interview réalisée par Julia Blaimont
Les créations de Jodessineunpeu
Les impressions (différents formats) et les carnets de Jo sont vendus au magasin, venez y faire un tour !